Présidentielle 2017 : ZOOM SUR :
LES PROGRAMMES CULTURELS
F R A N C O I S F I L L O N
Que retenir du programme de F. Fillon en matière culturelle ? Libéralisation, désengagement de l’état, image étriquée de la culture… Voyons voir.
La plupart des 20 propositions propositions du candidat sont formulées plus sous la forme de déclarations d’intentions laconiques que de véritables perspectives mûries, pensées en profoneur :
- « Développer une offre artistique dans tous les établissements scolaires, notamment la pratique musicale collective» (prop.2)
- « Accompagner l’ouverture de pépinières d’artistes et de créateurs d’entreprises culturelles sur le territoire avec les collectivités locales, pour amorcer le développement professionnel de leurs projets » (prop.14) débrouillez-vous avec ça !
- ou bien encore : « Préserver à un niveau européen la notion d’exception culturelle» (prop.11). On aurait aimé savoir comment non ?
- F. Fillon veut soutenir les librairies indépendantes (prop.9), ce qui est une bonne chose. Mais comment faire ? Mystère…
Dans ce programme, pas d’exemples concrets, rien qui nous indiquerait comment réaliser ces objectifs, aucune proposition chiffrée ! Sauf pour annoncer un grand plan « patrimoine pour tous » de 400 millions par an pour restaurer le patrimoine (prop.4)… ce qui correspond à peu de choses près au budget actuel (360 millions en 2017)… !
A côté de cela, mentionnons d’autres propositions :
- conforter la loi Hadopi (prop.12)
- crédits d’impôt pour tourner des films étrangers en France (prop.19)
- inciter les Fonds Régionaux d’Art Contemporain à exposer davantage leurs œuvres dans les lieux publics (prop.7)
Et quand il parle des intermittents du spectacle, ceux qui font vivre la culture au quotidien en France, ce n’est que pour les contrôler, les soupçonner, les stigmatiser (proposition 13)… Une image punitive de la culture.
Pour finir, en lisant le programme culturel de F. Fillon, il en ressort une impression de médiocrité totale : pas de grands projets (à part peut-être la proposition 17 qui vise à créer un centre d’art européen à Strasbourg), pas de discours fort pour valoriser notre patrimoine, pas de volonté affirmée de réorienter la France vers la création, l’imagination, les savoir-faire dans lesquels elle excelle pourtant, pas de grande politique du livre… Que des petites mesurettes de rien du tout !
La montagne accouche finalement d’une souris :
- favoriser le mécénat, on ne sait pas comment d’ailleurs… En créant une nouvelle niche fiscale ? (prop.15)
- encourager le bénévolat (prop.8)
- s’appuyer sur la Fondation du Patrimoine qui est une fondation privée… (prop.5)
Bref, tout est bon pour désengager encore plus l’Etat dans ce domaine et laisser s’accroître les inégalités d’accès à la culture. Car le programme culturel de F. Fillon s’inscrit dans la droite ligne du projet global : abaisser le rôle de l’état (pas un mot sur le budget culture dans le chiffrage… mais seuls les budgets régaliens seront augmentés) au profit des investisseurs privés. C’est-à-dire contribuer à une forme de ségrégation culturelle : culture de riches et culture de pauvres. Et au final, surtout une pauvre culture.
Encore un quinquennat qui sacrifierait la culture, qui est pourtant l’atout majeur de la France et la base de son rayonnement mondial.
Les propositions de F. Fillon en matière de culture : disponible ici.
