Nouveaux clivages, nouvel échiquier politique

Reconfigurer le champ politique au-delà du bipartisme


La crise du coronavirus fait apparaître comme une urgence vitale une recomposition du champ politique. Le « monde d’après » ne pourra être différent du « monde d’avant » qu’à la condition que les dirigeants changent, mais ce n’est pas qu’une affaire de têtes nouvelles. Le système de « l’alternance unique », pour reprendre l’expression du philosophe Jean-Claude Michéa, qui a vu des hommes politiques de droite comme de gauche élaborer et exécuter les mêmes politiques depuis plus de quarante ans – à quelques infinitésimales différences près que le système médiatique est chargé de grossir démesurément pour faire croire à de substantielles alternatives et entretenir ainsi le mythe de la pluralité – le système de l’alternance unique, donc, s’accommode sans broncher des castings les plus surprenants : qui aurait pu imaginer, sans s’esclaffer, que Flamby devînt Président ? Changer les hommes est certes une nécessité mais il est une chose plus fondamentale encore : recomposer les clivages, retrouver une définition du politique et de la démocratie et ne pas transiger dessus, rejeter les questions et les réponses imposées, récuser les stratégies de la peur, refuser de dialoguer et de penser dans les mots du système. En un mot : changer d’imaginaire[1] politique. Autrement dit, le « dégagisme » ne suffit pas.

Quels nouveaux clivages ?

Je m’intéresserai essentiellement à la question des clivages à ré-instituer. L’activité politique implique de composer des clivages et de composer avec ces clivages. Faire de la politique consiste toujours, d’une manière ou d’une autre, à accommoder le conflit – donc le clivage –, à mettre l’ordre du monde en question – or, la question, en tant qu’elle ouvre une béance au sein du réel en l’interrogeant, le met en crise et le clive –, à tracer des limites – donc, encore, cliver le monde social. L’affaire du politique c’est la détermination d’un dedans et d’un dehors, d’un permis et d’un interdit. Chasser le conflit du territoire du politique, ce qui est le projet de la modernité libérale, c’est nier du même coup l’existence du politique, c’est entraîner ce que le philosophe Harold Bernat nomme « l’anéantissement du politique »[2]. C’est, bien sûr, l’imaginaire du projet macronien.

A tous les niveaux, la crise sanitaire actuelle souligne l’effondrement des clivages habituels et montre de manière éclatante, mais terrible, l’existence de la vraie démarcation qui scinde l’espace politique réel. Et cette démarcation, c’est celle diagnostiquée entre autres par Jean-Claude Michéa, Christophe Guilluy, Chantal Mouffe ou encore le Jean-Luc Mélenchon de la campagne de 2017. C’est, grossièrement parlant, l’opposition du « peuple » aux « élites ». Cette opposition réactive, selon moi, la vieille mais vivace idée de lutte des classes[3], dont les gilets-jaunes furent la manifestation. Cela dit, au lieu de de parler les « élites », terme qui donne l’impression d’une supériorité intellectuelle ou morale, je proposerai le terme de « système », définit comme la classe dominante stricto sensu à laquelle il faut ajouter tous ceux qui tirent bénéfice du capitalisme mondialisé – les « protégés » comme les nomme Guilluy – et ont donc intérêt à le défendre[4]. Le mot « système » met en lumière le fait que le libéralisme forme, précisément, un système a plusieurs étages intriqués, avec des « effets de système » qui échappent aux individus, et qu’il ne suffit donc pas de faire sauter l’étage du haut pour que tout s’effondre. Ce qui complexifie l’idée d’une lutte des classes mécanique. Néanmoins, l’enjeu est de faire apparaître cette lutte des classes pour poser les intérêts divergents qui s’y manifestent et organiser une action politique clairement située. Reconstruire un sentiment de communauté, recréer du lien, du désir collectif, en un mot, refaire peuple. La première condition pour y parvenir, une exigence de chaque instant pour toute pensée critique digne de ce nom : refuser coûte que coûte les oppositions à l’intérieur du peuple, rejeter toutes les divisions, se débarrasser de tout discours qui viserait ou aurait pour effet de dresser une partie des classes populaires contre une autre. Ceux qui se lèvent tôt versus les assistés ; les fonctionnaires versus les salariés du privé ; ceux qui bénéficient d’un statut protecteur versus ceux qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes ; ceux qui bénéficient des minima sociaux versus ceux qui sont juste au-dessus ; les vieux versus les jeunes ; le petit peuple de gauche versus le petit peuple de droite ; le patron de PME versus ses employés ; les flics versus ceux qui se font matraquer… toutes ces personnes ont les mêmes intérêts à défendre. Entre un ouvrier lepeniste et un professeur de français socialiste, la différence n’est pas bien grande.

Un nouvel échiquier politique

Dans l’idéal donc, les catégories populaires formeraient une classe homogène qui défendrait ses intérêts contre ceux du système. Mais en pratique, cette opposition ne tient pas : les classes populaires votent à droite, à gauche, et plus souvent encore, ne votent pas du tout. Les « offres politiques », puisqu’il s’agit bien d’un marché, sont multiples, la « possibilité populiste » n’est qu’une parmi d’autres.

La vieille opposition droite / gauche n’est plus pertinente pour décrire le champ politique, et ce depuis longtemps : on avait une gauche libérale (majoritaire : la gauche Hollande, Strauss-Kahn, la gauche de la Fondation Saint-Simon), antilibérale (la momie communiste), souverainiste (Chevènement y fut bien seul), ou anti-souverainiste (NPA ou autres), comme la droite pouvait adopter chacune de ces options (respectivement, et pour se limiter à un seul exemple : Fillon, Alain de Benoist, Dupont-Aignan, Bertrand). Ajoutez toutes les hybridations possibles. Lorsqu’on emploie le mot de gauche, on ne peut se faire comprendre qu’à condition d’y accoler un ou plusieurs épithètes ou substantifs qui en précisent avec plus ou moins de bonheur le sens : la gauche peut être molle, libérale, extrême, caviar, bobo, historique, socialiste, communiste, d’avant ou d’après le tournant de la rigueur, de gouvernement, utopique, anarchiste, libertaire, républicaine, post soixante-huitarde, plurielle, radicale, première ou deuxième, et j’en passe. Pareil pour la droite. Ce clivage n’était opératoire que si on subdivisait chaque terme en une myriade de confettis, sans quoi il ne voulait rien dire. De plus, cette bipartition ne fonctionnait qu’à condition d’y adjoindre le centre qui permettait de rendre compte de tout un continuum libéral un peu flou. Une bipartition à trois termes en sommes. Et là encore, il fallait distinguer un centre gauche d’un centre droit. Certains à gauche étaient plus proches du camp d’en face que de leur propre « famille politique ». Macron a au moins eu le mérite de clarifier les choses. L’absurdité du clivage droite / gauche tient à l’ambiguïté de chaque mot. Pour ne prendre que la gauche, s’inscrit-elle dans le sillage socialiste en reprenant le riche héritage français qui passe entre autres par Leroux, Fourrier, Blanqui, et peut-être Proudhon ? Ou reprend-elle plutôt la tradition libérale d’un Tocqueville qui, rappelons-le, siégeait à gauche ? Le mot même est piégé, ce que montre de manière très convaincante Jean-Claude Michéa, car chacun y projette son imaginaire. Pour se sortir de ce marasme conceptuel, il faut abandonner ces mots-valises creux.

Pour situer les diverses options sur l’échiquier politique, je propose trois couples de clivages à articuler les uns avec les autres pour former une sorte de repère orthonormé tridimensionnel de l’espace politique :

  • le couple libéralisme / antilibéralisme ;
  • le couple souverainisme / anti-souverainisme[5];
  • le couple démocratie / aristocratie.

Tout cela est tranché à la serpe et mériterait d’être raffiné, néanmoins, des clivages clairs sont nécessaires. Si l’on voulait un peu plus d’exhaustivité, il faudrait pondérer chaque position par une quatrième paire : écologie / anti-écologie, puisque chaque couple précédant peut très bien exister sans se référer à l’écologie, mais c’est un critère que je ne retiens pas pour une raison simple : je ne pense pas que la défense de l’écologie soit une option politique, c’est la condition de toute politique. Aucune politique n’est possible sur une Terre inhabitée car inhabitable. On peut cependant naviguer sur les eaux tumultueuses de la politique armé de cette triple boussole.

Chaque couple fonctionne comme un système de coordonnées qui s’associe aux deux autres. Par exemple, on peut être souverainiste et libéral (un Dupont-Aignan) ou antilibéral (position que je défends) ; on peut aussi être anti-souverainiste (« ouvertiste ») et libéral (Macron) ou antilibéral (assez largement, la « gauche de la gauche »). Ajoutez à chacune de ces possibilités un tropisme plutôt démocrate ou au contraire une prévention tocquevillienne à l’égard de l’esprit démocratique, alors le balisage se précise. Huit catégories idéales émergent[6]. Deux d’entre elles sont comme des pôles vers lesquels on tend plus ou moins. D’une part, le pôle libéral, qui condense la position libérale-ouvertiste-aristocrate car, en fin de compte, elle est la version la plus cohérente du libéralisme ; et d’autre part, le pôle que j’appellerai, faute de mieux, « socialiste », c’est-à-dire la position antilibérale-souverainiste-démocrate. On a donc deux pôles idéologiques entre lesquels s’insèrent toutes les hybridations possibles.

Pourquoi avoir proposé ces trois couples et pas d’autres ? Par exemple, on aurait pu proposer l’adhésion à la République comme critère, on aurait eu les républicains d’un côté, et les autres. Cela dit, on ne gagnerait pas tellement en intelligibilité puisqu’on devrait tout de même recourir aux trois couples proposés pour expliciter la position républicaine, elle-même hétérogène. J’ai essayé de dégager trois tendances structurantes des grands courants politiques. Explications :

Premier couple : Le libéralisme est hégémonique, que ce soit dans sa version ultra ou néo, on ne peut donc pas ne pas se situer par rapport à lui. Pourquoi amalgamer une multiplicité de pensées politiques dans un vaste pôle antilibéral aux contours mouvants ? En effet, on peut être antilibéral de bien des manières. Derechef, car le libéralisme est hégémonique. Cela n’aurait pas grand intérêt de proposer une nouvelle typologie en diffractant le pôle antilibéral face au mastodonte, et cela rajouterait de la confusion à la confusion.

Deuxième couple : Le souverainisme postule qu’il est nécessaire de construire un espace politique souverain aux limites précises qui ne se laisse pas dicter sa loi de l’extérieur. Cet espace porte le nom générique de « nation », quelle qu’en soit l’extension. Ainsi, le souverainisme coïncide avec la création d’un espace politique : pas de souveraineté, pas de politique possible. Une démocratie ne peut, si l’on accorde du crédit à ce mot, qu’être souveraine. A contratio, l’anti-souverainisme, que je nomme « ouvertisme », récuse l’idée d’espace politique en dissolvant toute forme de frontière[7]. Or, le politique est intrinsèquement local, donc limité – limes, la frontière en latin. Pour un usage plus superficiel du mot, le souverainisme correspond à la défense des intérêts d’une nation ; les antisouverainistes sont donc ceux qui estiment que des intérêts supranationaux doivent primer : Union Européenne, directives du FMI, traités de libre-échange, juridictions internationales etc. Le souverainisme ne s’oppose pas à cela, il considère simplement que ces adhésions multiples doivent être librement consenties par une nation et qu’elles ne doivent pas s’opposer à la volonté générale.

Troisième couple : Demos contre aristos

Pourquoi faire de l’aristocratie un terme de clivage aussi fort ? C’est que ce que j’ai appelé la prévention tocquevillienne vis-à-vis de la démocratie n’a pas disparu.  Je n’ignore pas que l’on est d’autant plus démocrate que l’on critique vertement la démocratie au nom d’elle-même. En ce sens, aucun membre du gouvernement ni aucun des éditorialistes qui font la pluie et le beau temps dans les médias ne sont démocrates puisqu’ils n’acceptent aucune remise en question, même timide, de ce qu’ils nomment démocratie, sans même entrevoir la contradiction. En d’autres termes, l’idéal démocratique consiste à remettre en cause perpétuellement la démocratie établie.

Les analyses de Tocqueville sur la démocratie sont connues, en particulier celles qui moquent le tempérament démocratique avec une prescience parfois impressionnante. Tocqueville, un temps député de la Manche, nous prévient de la dégénérescence potentielle de la démocratie en « tyrannie de la majorité ». En repérant que la démocratie suppose « l’égalité des conditions » de tous, il met en garde contre une tendance néfaste : le fait que chaque individu finisse par se replier sur lui-même et se croit la « mesure de toute chose », pour paraphraser Protagoras, et ainsi pense que son opinion ou son mode de vie prévaut sur tout autre. « Chacun se renferme donc étroitement en soi-même et prétend de là juger le monde »[8]. Selon Tocqueville, la démocratie pourrait conduire les individus vers la méfiance généralisée et la prétention démesurée. En fin de compte, Twitter serait l’accomplissement de la prophétie tocquevillienne : chacun se croit expert et compétent en tout. De plus, l’égalité, en morcelant et en atomisant le corps social engendrerait l’individualisme. « L’individualisme est d’origine démocratique, et il menace de se développer à mesure que les conditions s’égalisent »[9] écrit-il. Les individus se détournent de la société pour ne se préoccuper que d’eux-mêmes, ils finissent par se croire les maîtres de leur destin, c’est l’explosion de la société. Ces critiques adressées par le normand à la démocratie sont largement reprises, non sans gourmandise, par ceux qui, aujourd’hui, entendent démontrer les effets négatifs de la démocratie sur la société. C’est oublier que ce n’est qu’un petit moment dans la pensée de Tocqueville, une pensée nuancée et dialectique. Ces petits tocquevilliens embringuent le philosophe dans leur lubie aristocratique pour s’en faire une caution en isolant une analyse du reste de l’œuvre de leur maître à penser.

Au-delà de cet embrigadement malséant, Tocqueville produit bien une définition de la démocratie comme « égalité des conditions ». Pour lui, « La société démocratique se marque donc par une « tendance irrésistible » vers l’égalité. »[10] Dans un discours, Tocqueville affirme que « la démocratie, c’est l’égalité dans l’indépendance »[11]. L’égalité est l’aspiration primitive de la démocratie, qui est une façon d’être de la société avant d’être un régime politique. « Il y a donc bien une antériorité de l’état social sur l’état politique, ou, pour le dire autrement, de la société sur l’État. »[12] C’est là, à mon sens, l’erreur de Tocqueville, que de situer la démocratie avant tout dans l’égalité. Certes, pour lui, il existe une dialectique nécessaire entre égalité et liberté[13], entre individu et société, ce qui réinjecte du collectif au sein de l’esprit démocratique. Pourtant, c’est bien, dans l’esprit de Tocqueville, l’égalité, en dernière instance, qui caractérise la démocratie, qui se manifeste avant tout dans la montée de l’aspiration égalitaire. L’égalitarisme forcené, de même que le relativisme généralisé, seraient des effets de la démocratie triomphante. Or, si Tocqueville a raison de diagnostiquer un tel égalitarisme et un tel relativisme, il se trompe sur leur origine, qui n’est point la démocratie. Celle-ci est, avant d’être aspiration à l’égalité, un mode d’exercice du pouvoir politique : le pouvoir exercé par le peuple des citoyens. L’égalité n’intervient que de façon secondaire et sectorielle : égalité des citoyens dans l’exercice du pouvoir – loin, donc de l’égalité des conditions. Bien sûr, il n’est pas impossible que cet idéal infuse dans la société au point de déborder du strict cadre politique, mais même dans ce cas, l’égalité reste secondaire. De même, l’égalité de l’exercice du pouvoir implique, en démocratie, égalité des droits et devoirs. Pour autant, à nouveau, l’égalité dont il question est subordonnée au champ politique et à ses fins.

En revanche, l’égalité au sens tocquevillien est un produit de la pensée libérale. Ou, pour être plus précis, lorsqu’il analyse la démocratie – à partir de la société américaine qu’il a sous les yeux lorsqu’il écrit De la démocratie en Amérique – Tocqueville oublie qu’il ne décrit pas la démocratie, mais un certain type de démocratie, à savoir la démocratie libérale américaine. A ce titre, ce qu’il repère comme des méfaits imputables à la démocratie est en fait dû à l’égalité libérale. L’égalité fait partie intégrante du logiciel libéral, du moins, là encore, un certain type d’égalité (égalité des chances) [14]. Le libéralisme est responsable, dès ses débuts, de l’atomisation des individus, ce que repèrent très tôt Marx et Engels, justement parce qu’il promeut l’égalité et l’individualisme, ou plutôt, l’égalité des chances des hominem oeconomicos. C’est la raison pour laquelle son alliance était possible avec la démocratie, qu’il a portée dans son ascension initiale. Cependant, parce qu’elle est soumise, en régime libéral, aux valeurs libérales d’égalité et d’individualisme – des avatars du marché – la démocratie finit par se retourner sur elle-même. Tocqueville décrit parfaitement comment, en fin de compte, la démocratie libérale se retourne contre la démocratie véritable. Et c’est ce que nous vivons aujourd’hui.

Ceux qui répètent bêtement les analyses de Tocqueville sur la démocratie – nombreux dans les milieux intellectuels[15] et médiatiques – commettent la même erreur : ils font porter les maux de notre époque à la démocratie, alors qu’ils sont imputables d’abord au libéralisme. Ce qui leur permet de défendre une stricte démocratie représentative dans laquelle, en fin de compte, les représentants doivent s’émanciper du peuple, le diriger d’en haut au lieu d’exécuter sa volonté, bref : une forme d’aristocratie élective. Rejouant le combat entre Platon et Aristote, on en vient à dire que le gouvernement est une compétence ou que l’exercice du pouvoir repose sur un savoir que tous les citoyens n’ont pas ; que les masses, dopées à l’esprit égalitariste revendicatif, sont instables, mesquines, déraisonnables, versatiles et haineuses. Ce qui est la négation de la démocratie.

 

Redéfinir des clivages, c’est aussi redéfinir les termes des nouveaux clivages. Or, dans la grande confusion conceptuelle qui règne aujourd’hui cette entreprise est loin d’être vaine. Il est d’urgent de retrouver une exigence intellectuelle sans faille face à ce qu’Harold Bernat nomme la « bouillie », cette production ininterrompue de signes – messages publicitaires, paroles et discours politiques, manchettes de journaux, productions d’intellectuels médiatiques, images, vidéos etc – qui tournent à vide, qui saturent et sidèrent l’esprit et l’intellect du destinataire, sans cohérence interne propre, une vraie torgnole de signes qui étourdit et empêche de reprendre haleine. Pour ne pas devenir aussi inconsistant que ces signes, pour ne pas devenir comme les Macron et autres pantins totalement décérébrés, pour résistance, une seule stratégie : penser. Ce qui passe par une redéfinition des concepts, en particulier politiques.

 


Notes :
[1] J’utilise le terme imaginaire au sens de Castoriadis parlant de « l’institution imaginaire de la société ».
[2] Harold Bernat, Le néant et le politique, L’Echappée, 2017.
[3] Précisons qu’une Chantal Mouffe ne serait pas d’accord avec ça, elle qui s’inscrit dans une pensée qu’elle définit comme « post-marxiste » et rejette la lutte des classes, au nom de l’essentialisme dont elle ferait preuve.
[4] Tout en sachant qu’au final, ces mêmes « protégés » auraient intérêt à précipiter la fin de l’hégémonie libérale. L’un des enjeux étant de montrer que tout le monde à intérêt, d’une façon ou d’une autre, à sortir de ce système mortifère – en premier lieu pour des raisons écosystémiques et écologiques.
[5] Le terme de mondialisme ne me plaît pas car il fait penser à tort que ceux qui s’opposent au souverainisme auraient pour seule visée la dissolution dans le monde. Ce qui n’est pas vrai. Le néologisme le plus approprié serait plutôt « ouvertisme », la religion de l’ouverture.
[6] Antilibéral-souverainiste-démocrate ; antilibéral-souverainiste-aristocrate ; antilibéral-antisouverainiste-démocrate ; antilibéral-antisouverainiste-aristocrate ; libéral-souverainiste-démocrate ; libéral-souverainiste-aristocrate ; libéral-antisouverainiste-démocrate ; libéral-antisouverainiste-aristocrate.
[7] Bien sûr, la frontière n’est pas la clôture ni le repli sur soi des débiles profonds guignolesques médiatiques – pardon : les journalistes et éditorialistes dominants. De plus, la frontière délimite un espace politique géographique mais aussi symbolique. C’est à ces deux sortes de frontières que s’attaque l’ouvertisme d’un Macron, la fluidité et la flexibilité en sont les maîtres-mots.
[8] et [9] Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, livre II, 1840.
[10] Arens, Nicolas. « La démocratie tocquevillienne. Un parcours dialectique », Revue interdisciplinaire d’études juridiques, vol. volume 74, no. 1, 2015, pp. 181-202.
[11] et [12] Alexis de Tocqueville, séance de la Constituante du 12 septembre 1848.
[13] « On peut imaginer un point extrême où la liberté et l’égalité se touchent et se confondent. (…) Nul ne différant alors de ses semblables, personne ne pourra exercer un pouvoir tyrannique ; les hommes seront parfaitement libres parce qu’ils seront tous entièrement égaux ; et ils seront tous parfaitement égaux parce qu’ils seront entièrement libres. C’est vers cet idéal que tendent les peuples démocratiques ». Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, livre II, cité par Nicolas Arens, article cité.
[14] En effet, il faut faire en sorte que les individus soient égaux au départ, pour que les inégalités futures soient le fait de leur responsabilité, de leur talent, etc. Le libéralisme promeut une égalité comme rampe de lancement de l’inégalité.
[15] On pourrait citer ici par exemple Alain Finkielkraut ou Raphaël Enthoven comme étant deux intellectuels aristocratiques qui font leurs les analyses de Tocqueville sans toutefois penser la possibilité d’une démocratie qui ne tomberait pas dans ces travers. Tous deux s’opposent à toutes, ou presque, les propositions de démocratie directe et n’envisagent la démocratie que sous son seul angle représentatif. De sorte qu’en combinant les deux, on aboutit à une « aristocratie représentative », qui n’est certes pas une dictature, mais n’est pas non plus une démocratie.


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