Présidentielle 2017 :
ZOOM SUR :
LES PROGRAMMES CULTURELS
E M M A N U E L M A C R O N
Ce programme comporte 19 propositions réparties en 7 objectifs, le 7ème portant sur les médias. Il essaie de présenter une cohérence, libérale et plutôt centriste.
Certaines de ces propositions sont intéressantes :
- ouverture des bibliothèques municipales en soirée et le dimanche (objectif 1)
- soutien à la parité dans les institutions culturelles (objectif 2)
- et sa mesure phare, le Pass Culture de 500 euros pour les jeunes de 18 ans, argent utilisable via une application qui recenserait toute une gamme d’activités culturelles (théâtre, musique, livres, spectacles etc.). Le financement, assez flou, se ferait par les « distributeurs et plateformes numériques », mais pas de chiffrage précis n’est disponible (objectif 1).
Passons rapidement sur le cortège d’intentions louables mais imprécises et non chiffrées :
- faire que les « grands acteurs numériques» payent les impôts qu’ils doivent via le rétablissent d’une « concurrence équitable » : bien sûr, mais de qui parle-t-on, comment y parvenir, et, qu’est-ce qu’une concurrence équitable… ? (objectif 5)
- « adapter le soutien au cinéma et à l’audiovisuel aux nouveaux formats», (objectif 3)
- « soutien à la francophonie » grâce à la « rationalisation et le renforcement d’institutions aujourd’hui dispersés » (objectif 2)
- « favoriser la diffusion du spectacle vivant » (objectif 3)
Mais une fois que l’on a dit ça, avec quoi tout le monde est d’accord d’ailleurs, encore faut-il développer un minimum sous peine de rester dans le vague… Ce qui est trop souvent le cas malheureusement.
E. Macron propose en outre de « défendre résolument les droits d’auteur, aider les artistes et les éditeurs de contenu européens par la négociation encadrée d’accords sur leur rémunération, […] renforcer l’action contre les sites pirates» (objectif 5). Voilà qui est dit… !
Sur la question des intermittents, là aussi, une volonté de « pérenniser et adapter le statut d’intermittent » (objectif 3), mais aucune proposition concrète sur ce sujet pourtant majeur.
Enfin, des propositions inappropriées dans le contexte actuel :
- pas de hausse du budget de la culture mais un maintien du budget en contrepartie d’une évaluation des politiques culturelles au service d’une « exigence d’efficacité » (objectif 2)
- création d’un fond de 200 millions pour les industries culturelles françaises: mais, à budget constant, faudra-t-il rogner sur d’autres postes de dépense ? (objectif 3)
- soutien aux mécénats privés (objectif 3)
- conditionner les dotation pour rénover le « patrimoine » (de quoi d’agit-il ? Des monuments historiques ?) à des objectifs touristiques, éducatifs, c’est-à-dire (sans langue de bois) les diminuer ! En effet, si l’on conditionne les aides à l’attractivité touristique c’est la mort des petits trésors perdus et cachés dont la France est riche ! Donner encore plus à Versailles ? Et encore moins aux petits monuments en ruine ? (objectif 6)
- « simplifier la réglementation audiovisuelle en matière de publicité » pour « lever les freins à la croissance de la production » , mais tout en « préservant la diversité culturelle »… Nous voilà rassurés ! (objectif 7)
En guise de conclusion, redisons-le, aucune mesure n’est chiffrée ! Pour le reste, ce programme ressemble à l’ensemble du programme du candidat Macron : de bonnes idées parfois mais une orientation globale vers le désengagement de l’état en matière de culture au profit des acteurs privés… Du libéralisme « light », mais du libéralisme quand même ! Enfin, un cruel manque de vision globale. Quelle est l’idée de la culture que E. Macron voudrait promouvoir ? Aucune idée… Ce programme s’inscrit dans la lignée de tous ceux qui considèrent la culture comme superfétatoire, voire inutile, une passage obligé en somme, une corvée dans un programme, mais rien de plus. Et surtout, une terrible impression de demi-mesure voire de vacuité face aux enjeux réels.