2022 : une élection déjà jouée ?

Sondages et traité (inutile) de politique fiction

Partie 2 : un peu de politique fiction


Après avoir analysé les sondages à un an d’une élection présidentielle (article que vous pouvez retrouver ici), faisons maintenant un exercice de politique fiction afin de voir les différents scénarios qui pourraient se jouer, incluant (surtout) les plus improbables. Je tiens à signaler que ces scénarios, je les imagine un an avant l’échéance, en m’appuyant sur les sondages et sur mon analyse de la situation. Certains scénarios n’étant pas testés, je ne peux même pas m’appuyer de façon systématique sur des sondages ! Donc, tout ce que je vais dire n’est pas à prendre pour argent comptant, mais simplement comme un avis, une série de possibilités de ce qui pourrait se passer.

Marine Le Pen et Éric Zemmour

       Marine Le Pen est la candidate du RN qui est testée invariablement depuis la dernière élection présidentielle, à une exception près. Le seul sondage à ne pas avoir testé Marine Le Pen a testé Éric Zemmour à sa place. Et le résultat était assez clair. Là où la présidente du RN réunit autour de 25 % des voix, voire plus, Zemmour était à 17 % et n’accédait pas au second tour. C’était Xavier Bertrand qui se hissait face à Macron.
       Ce sondage est à la fois peu intéressant et très intéressant (paradoxal, je sais, mais attendez un peu avant d’hurler). Peu intéressant car l’hypothèse d’un abandon de Le Pen pour Zemmour est tout à fait farfelue. Qui voit Marine Le Pen, à l’aube de sa meilleure chance de l’emporter, tout abandonner ? Il n’y aura pas de primaire au RN, donc aucune chance pour Zemmour de faire naître une candidature de sa personne soutenue par le RN. La seule possibilité pour Zemmour serait une candidature tierce, non soutenue par le RN, et donc contre Marine Le Pen (je vais revenir sur cette possibilité).
       Très intéressant car cela montre la faiblesse de l’hypothèse Zemmour, qui n’atteint même pas les 20 % des voix. Certes Marine Le Pen n’est pas une candidate forte et l’image de son échec de 2017 reste présente, mais elle est l’opposante consacrée au « système ».

       Imaginez donc à présent que Zemmour se présente en plus de Le Pen, qu’est-ce que cela pourrait donner ?
       Voyons déjà les précédents des dissidences au RN/FN et des autres candidatures à l’extrême-droite. Le FN a été secoué par le passé par deux dissidences, celle de Bruno Mégret qui créa le MNR (Mouvement national républicain) en 1999 après avoir été exclu du FN. Pour quels résultats ? 2.34 % des voix en 2002, l’élection où Jean-Marie Le Pen est au second tour.
       Ensuite, il y a la dissidence de Florian Philippot, poussé hors du parti à l’automne 2017 et qui fonda LP (Les Patriotes), pour des résultats faméliques à toutes les élections depuis.
       Qu’en est-il des autres candidats d’extrême droite ? Si l’on considère Philippe de Villiers et/ou Nicolas Dupont-Aignan comme des candidats d’extrême droite, ce n’est pas fameux non plus. De Villiers n’a rassemblé que 4.74 % des voix en 1995 et 2.23 % des voix en 2007. De son côté, Dupont-Aignan ne fait que 1.79 % en 2012, et malgré de bons sondages, n’atteint pas les 5 % (seuil de remboursement de la moitié des frais de campagne) en 2017 (4.7 %).
       Quand on voit la force théorique de Zemmour, et l’historique des candidats occupant le même espace politique que le FN/RN, il y a de quoi douter très fort d’un succès d’une hypothétique candidature d’Éric Zemmour, si tant est qu’il réussisse à réunir les 500 signatures.
       En effet, ce cap fatidique n’est pas à oublier, d’autant plus qu’une question stratégique peut se poser pour ceux qui ont tout ou partie du contrôle sur les signatures : qui a à gagner d’une candidature Zemmour ? Même si score reste faible, cela aura tout de même un impact, et on peut légitimement penser que ce sont des voix qu’il « prendrait » à Marine Le Pen.
       Donc Marine Le Pen aurait à perdre, mais elle n’a pas le contrôle sur l’obtention des parrainages (elle a déjà suffisamment de difficultés à réunir les 500 signatures sur son nom, alors s’occuper des celles des autres…). Vu le positionnement de Macron, qui s’établit, encore une fois, en recours contre l’extrême droite et le « danger fasciste », ce n’est pas dans son intérêt de voir Marine Le Pen perdre trop de score, voire ne pas être au second tour. Ce serait la pire nouvelle pour Macron, car il risquerait une union de ses adversaires contre lui au second tour, mais sans la possibilité de crier au fascisme. Or Macron a les moyens d’empêcher quelqu’un d’obtenir des parrainages.
       Ceux qui auraient à gagner seraient donc ceux qui peuvent atteindre le second tour, ou n’en seraient pas trop loin. Dans ce cas de figure, on pourrait montrer un candidat de gauche ayant réussi à percer ou, plus vraisemblablement, le candidat LR (Xavier Bertrand semble le plus logique à l’heure actuelle, c’est-à-dire avant les régionales). Or, beaucoup de collectivités territoriales sont affiliées à LR, et pourraient se décider à faire pression dans un autre sens que Macron pour permettre à Zemmour d’obtenir ses parrainages, affaiblissant ainsi Le Pen, et permettant un second tour entre Macron et Bertrand.
       Cette dernière hypothèse peut sembler tirée par les cheveux (et c’est normal, elle l’est), mais ça ne paraît pas impossible, juste très improbable.

Emmanuel Macron

     Le candidat du gouvernement sera Emmanuel Macron, sauf catastrophe l’empêchant de se présenter. Dans ce cas-là, l’héritier probable serait Édouard Philippe, que j’aborderai plus bas.

Les Républicains

       Pour la droite, je parlerai uniquement des Républicains, Dupont-Aignan étant entre LR et le FN, et semblant promis à ses 5 % dans son espace politique assez resserré. LR donc a, semble-t-il, deux solutions possibles. Avec Xavier Bertrand, ou avec une primaire.
       Le cas Xavier Bertrand est somme toute assez simple. Il est le candidat de LR qui reçoit les meilleures intentions de vote dans tous les sondages (entre 14 et 20 %) et il ne veut pas d’une primaire. Il est vrai qu’une partie des cadres du parti est échaudée à l’idée d’en refaire une, alors que beaucoup pensent qu’elle leur a couté la victoire en 2017 (ce qui est la bonne analyse à mon avis).
       La principale embûche sur la route de Bertrand réside en l’élection régionale dans les Hauts de France, une élection qu’il n’a pas le droit de perdre. Pour résumer la situation dans cette région, il nous faut parler de 4 listes. Au premier tour, la gauche est unie et est estimée entre 17 et 20 %. Le RN tourne autour de 30 – 32 %, Bertrand, tête de liste LR – UDI, reçoit entre 33 et 35 % des intentions de vote. Enfin, la liste LREM, renforcée de pléthore de ministres, tourne entre 10 et 12 %.
       Le second tour se joue donc entre Bertrand et la liste RN. Et en cas de quadrangulaire, ce second tour est dans la marge d’erreur (d’autant que les sondages ont davantage tendance à se tromper lors des élections locales, et les régionales ne font pas exception). En cas de triangulaire, ou de duel, Bertrand devrait l’emporter assez facilement. Quelles sont donc les issues possibles, qui a à y gagner, et quelles sont les stratégies jouant ici ?
       Disons-le immédiatement, s’il perd, c’en est fini de sa carrière politique (et c’est lui-même qui le dit). Tous les cadres du parti se jetteront sur lui pour l’anéantir. S’il perd dans une quadrangulaire, donc si ni LREM, ni la gauche, ne se retirent pour faire barrage, la séquence médiatique qui suivra ne sera pas positive pour LREM : ils seront ceux qui ont fait gagner le RN. Mais Bertrand sera hors course pour la présidentielle, n’est-ce pas tout ce qui compte* ?
       Si LREM atteint les 10 %, et se retire au second tour, malgré l’absence d’accord avec LR (Bertrand répétant à l’envie qu’il ne fera pas d’alliance avec LREM entre les deux tours, et ça semble logique. Difficile d’apparaître un rempart à Macron s’il fait alliance avec ses ministres moins d’un an avant l’échéance), si LREM se retire donc, alors Bertrand leur « devra » la victoire (en tout cas, c’est ce que LREM martèlera). C’est loin d’être idéal pour lui, mais pas idéal non plus pour Macron, qui verra celui qu’il considère comme le principal danger au premier tour ne pas être hors course.
       Si la gauche s’efface, il y a toutes les raisons de penser que LREM fera de même. Comment imaginer que LREM se maintienne avec 10 à 15 % des suffrages au premier tour alors qu’une liste de gauche probablement mieux placée se retirerait ? Tout ça dans le but avoué de faire perdre Bertrand ? Ce qui serait très improbable dans cette situation, vu que les voix de gauche iraient probablement en bonne partie sur Bertrand, pour contrer le RN.
       On voit ici l’objectif principal de Macron quand il envoie 5 ministres à l’assaut des Hauts-de-France. Il veut forcer Bertrand à s’allier avec lui, pour lui enlever cette image de candidat de la droite non-Macron. Et pour cela, il a besoin d’une liste LREM la plus forte possible.
       Si LREM n’atteint pas les 10 %, c’est du pain-bénit pour Bertrand. Il peut gagner contre le RN assez largement, avec ou sans le soutien de la gauche, alors que les électeurs LREM se reporteront sur lui. Et Macron apparaît ridicule, lui qui aura envoyé 5 ministres lutter contre Bertrand et le RN, et qui ne serait même pas au second tour.
       Enfin, en cas de victoire de Bertrand en quadrangulaire, c’est excellent pour Bertrand aussi (évidemment, plus l’ampleur de la victoire est grande, mieux c’est). En effet, il pourra dire que malgré la volonté peu cachée de LREM de le faire tomber et de faire gagner le RN, il aura remporté une victoire contre Macron et contre Le Pen. Son statut de double vote barrage (anti-Macron et anti-Le Pen) en sortira renforcé.
       Mais une victoire, aussi large soit-elle, ne règlera pas le problème de ses adversaires au sein de LR. Car, pour se passer d’une primaire comme il le souhaite, il faut un candidat naturel (comme Sarkozy en 2007 et 2012). Pas la peine de souligner que le parti ne s’accorde pas sur un seul nom. Et celles et ceux qui apparaissent aujourd’hui comme moins bien placés veulent de cette primaire, pour se donner une chance de l’emporter, après une campagne électorale où tout peut se passer (vu les dernières primaires, du PS comme des LR, on peut difficilement leur donner tort).
       Les candidats voulant d’une primaire à droite sont donc Valérie Pécresse (entre 9 et 13 % au premier tour de la présidentielle dans les sondages), Laurent Wauquiez (7 %), et Bruno Retailleau (entre 6 et 8 %). Ils ont en commun d’être nettement plus faibles que Bertrand, et de probablement tous faire le pari que leur score sera plus élevé lorsqu’ils seront les candidats de leur parti. C’est une analyse qui n’est pas fausse, mais qui a ses limites. Partir de plus loin n’est jamais une bonne chose.
       Plus largement, aucun de ces candidats n’unit les deux branches de LR, l’une plus libérale, et l’autre plus traditionaliste, la fameuse « droite provinciale catholique ». Sans compter la possibilité d’un déchirement de cette famille politique s’il y a une primaire et une candidature Bertrand. Dans la situation actuelle, même une absence de candidature de Bertrand rendrait la lecture de la situation à droite très complexe. Peut-être un candidat « recours », un énième homme providentiel, peut-il sauver la situation (oserons-nous dire Sarkozy ?) ?

*https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille/en-cas-de-defaite-aux-regionales-xavier-bertrand-a-annonce-qu-il-se-retirerait-de-la-vie-politique-2027893.html

Edouard Philippe

       Le cas d’Édouard Philippe est complexe. Il est, un an avant l’échéance, l’homme politique le plus populaire de France, après avoir quitté Matignon auréolé de la popularité que lui a apporté le premier déconfinement, et ayant laissé Macron et Castex se débrouiller avec les vagues suivantes du Covid. Une candidature de Philippe peut vous paraître saugrenue, mais vu toutes les possibilités que j’évoque ici (et encore, vous n’avez pas vu la gauche), elle n’est pas si hors de propos. Avant d’attaquer, je tiens à rappeler qu’aucun sondage n’a testé Philippe pour l’instant, donc tout ce paragraphe est à prendre avec des pincettes, comme un véritable exercice de politique fiction. Dans le cas de Philippe, deux cas de figures me semblent envisageables.
       Si Macron était, pour une raison ou une autre, empêché de se représenter, Philippe représente l’héritier légitime, les médias se tuent à le dire, et les échos de l’Élysée et des macronistes vont dans cette direction également. Et vu l’entourage du Président, ça apparaît assez logique. Qui peut imaginer Castex ou Castaner candidat ?
       Avec le soutien de LREM (et peut-être le blanc-seing de Macron, qui sait ?), Édouard Philippe a une route toute tracée vers la victoire. Son score pourrait être similaire à celui de Macron, entre 25 et 30 % des voix, grâce à sa popularité élevée (par rapport aux autres). Et au second tour, la principale force de Le Pen (son adversaire la plus probable), à savoir la présence de Macron et la détestation de sa personne, disparaît. Cela devrait être une victoire assez facile.
       En revanche, et comme le bruit a pu courir ces dernières semaines, que se passerait-il si Philippe « trahissait », et était candidat contre Macron ? S’il l’était, on peut penser que ce serait à la faveur de sondages assez favorables, et à la lumière d’un candidat LR faible. Pourrait-il même représenter un recours pour LR si Bertrand n’était pas candidat et que la primaire s’embourbait ?
       S’il en venait à devenir le candidat LR, alors on pourrait imaginer un ralliement des libéraux en partie déçu de Macron sur son nom, et ce serait Philippe qui affronterait Le Pen au second tour, ralliant par là même le double vote barrage (ce qui serait incroyable, il a tout de même été le premier ministre de Macron).
       S’il était le troisième candidat de droite, alors le « réservoir » de voix LR – LREM, qui pourrait représenter entre 40 et 45 % des suffrages au premier tour, se diviserait entre 3 candidats d’importance. Potentiellement, chacun des trois pourrait l’emporter sur les autres, mais si aucun ne l’emporte significativement, si chacun faisait entre 12 et 15 %, alors la gauche (unie ou non), pourrait rêver à un second tour inespéré contre Le Pen.

Les gauches

       La gauche, ou les gauches, selon que vous croyiez encore à une possibilité d’union et/ou que vous adhériez aux deux gauches « irréconciliables » de Manuel Valls, sont dans une situation bien désunie, et assez difficile à lire. Pourtant, à y regarder de plus près, je trouve leur situation plus facilement prévisible que chez LR (si Bertrand n’était finalement pas candidat). Voyons tout cela parti par parti dans un premier temps, avant de nous pencher sur les possibilités.
       Commençons par les « petits » en disant que, oui, Nathalie Arthaud sera la candidate de Lutte Ouvrière (LO), et il y aura un candidat du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste). Chacun fera entre 200 000 et 400 000 voix, comme ils le font depuis 2012 et l’émergence de Mélenchon. Par ailleurs, le PCF a choisi de partir seul à la présidentielle en choisissant comme candidat Fabien Roussel, son patron. Celui-ci semble promis à ses 2 %, score qu’avait fait la dernière candidate autonome du PCF, Marie-Georges Buffet, en 2007 (qui a d’ailleurs dit qu’elle préférait la solution d’une alliance derrière Mélenchon comme c’était le cas en 2012 et 2017)**.
       Regardons maintenant le cas d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). Lors des deux dernières élections, EELV a organisé une primaire qui a peu mobilisé en dehors de ses propres militants. Et ce que l’on peut tirer comme enseignement de ces deux élections, c’est la confirmation de la tendance de ce parti à couper toute tête qui dépasse (cf Noël Mamère poussé dehors alors qu’il a fait le meilleur score d’un candidat écolo à la présidentielle, entre autres). Nicolas Hulot était donné, par les sondages, comme étant le meilleur candidat pour 2012 ? La primaire consacre Eva Joly qui terminera à 2 %. Cécile Duflot est la candidate la plus en vue et la seule testée par les sondages en 2017 (certes autour de 2-3 % des voix) ? Yannick Jadot remporte la primaire avant de se ranger derrière Hamon, candidat du PS, sans demander l’avis des militants qui l’ont élu. Aujourd’hui, le candidat le plus en vue, celui qui fait les meilleurs scores du parti dans les sondages, c’est Jadot.
       Mais la différence avec les primaires de 2011 et 2016, c’est que celle qui se déroulera durant la deuxième quinzaine de septembre pourrait (c’est hautement spéculatif) attirer davantage de monde (elle est déjà plus médiatisée que celles des années précédentes), et donc intéresser en dehors de son cercle militant. Cela pourrait sauver de la débâcle celui qui se rêve en Président de la République*. Précisons tout de même que ses adversaires déclarés (pour l’instant) sont Éric Piolle, le maire de Grenoble, crédité de 2 % dans le seul sondage l’ayant testé, et Sandrine Rousseau, non testée jusqu’à présent. Yannick Jadot atteint 5 à 10 % des voix selon les configurations.
       Toute la question sur cette primaire va donc être sur l’ampleur de la mobilisation de l’électorat écologiste pour cette primaire et quelle aile du parti peut l’emporter. Celle de Jadot, où l’écologie est compatible avec l’économie de marché (l’aile de « droite », qui était déjà celle de Nicolas Hulot), ou celle de « gauche », qui est anti-libérale, et qui souffre de ne pas avoir une tête bien définie. Le résultat de cette primaire pourrait également avoir une influence sur un autre parti/une autre candidate d’ampleur à gauche : le PS et Anne Hidalgo.
       En effet, après la catastrophe de 2017 (Hamon finit avec 6.36 % des voix, le pire score du parti depuis Gaston Defferre en 1969), le PS est un parti exsangue, qui ne représente plus la tête de la gauche, qui est le plus compatible avec le « social-libéralisme » (une bonne partie des ministres de la macronie viennent du PS). Et il n’a plus beaucoup de têtes d’affiche, et encore moins de têtes d’affiches prêtes à aller au front, et potentiellement subir une nouvelle débâcle. C’est l’une des raisons de l’envie d’union de la gauche d’Olivier Faure, transparent Premier Secrétaire.
       C’était sans compter sur la maire de Paris, Anne Hidalgo qui fait courir le bruit qu’elle veut l’Élysée, et autour de laquelle les médias se sont pas mal emballés ces derniers mois. Elle semble vouloir candidater, mais souhaite attendre « la fin de l’été » pour se déclarer (comprendre : le résultat de la primaire écolo). En effet, les sondages montrent clairement que si Jadot et Hidalgo (seule candidate du PS à être testée) sont tous les deux candidats, ils sont condamnés à un score de 5 à 7 % chacun. Pas vraiment suffisant pour parvenir au second tour. En revanche, Si Hidalgo n’avait pas de candidat EELV face à elle (ou un candidat faible), elle peut facilement atteindre et dépasser les 10 %.
       Comment cela pourrait-il se produire ? Deux possibilités. Soit Jadot perd, et un candidat plus anonyme l’emporte et ne parvient pas à décoller. Alors Hidalgo récupère une partie de cet électorat et part sur une bonne dynamique se battre avec Mélenchon pour l’hégémonie à gauche (mais attention à ne pas trop se fier aux dynamiques post primaires). Soit une primaire écolo-socialiste est décidée, et Hidalgo s’y présente et l’emporte. Cette possibilité apparaît peu probable à l’heure actuelle, mais comme le mode de désignation du ou de la candidate du PS n’est pas connu, on peut encore l’imaginer.
       Quant à La France Insoumise (LFI) ? Là, la situation est infiniment plus simple. Leur candidat est Jean-Luc Mélenchon, et il ne croit pas, ni ne veut, l’union des gauches. Quant au score que lui donnent les sondages ? Dépendant des configurations, entre 11 et 13.5 %, loin de ses 19.6 % de 2017***.
       Une question se pose : pourquoi Mélenchon ne veut pas d’union à gauche ? Deux raisons, à mon avis. Premièrement, du point de vue idéologique, les deux gauches « irréconciliables » sont réelles et LFI ne veut pas s’allier avec un parti dont sont issus tant de ministres macronistes. Deuxièmement, LFI est passée, et ils n’ont cessés de le répéter, à 600 000 voix du second tour en 2017, et ce alors que Mélenchon était donné autour de 10 % fin janvier, et 6 points derrière Hamon. Cette « remontada » est due autant à la mauvaise campagne de Hamon qu’à l’excellente campagne de Mélenchon. Et cette légende de la campagne de 2017 est, à mon avis, à l’origine de la stratégie de LFI : ils sont persuadés qu’ils peuvent refaire la même chose.
       Avant de s’attaquer aux différentes combinaisons possibles à gauche, je tiens à signaler une curiosité sondagière. En effet, si la majorité des sondeurs indique que Mélenchon est devant Hidalgo et Jadot, et ce dans tous les cas de figures, Ipsos indique l’inverse, avec un Mélenchon à égalité, voire derrière ses concurrents (le sondage Ipsos d’avril donne Mélenchon à 8 %, Jadot à 10 % et Hidalgo entre 8 et 9 %). Comme vous avez pu le voir, je n’ai cité précédemment que les chiffres des autres sondages pour donner les fourchettes, dans l’objectif de clarifier la situation.
       Qu’est-ce qu’il peut se passer à gauche ? L’hypothèse la plus testée chez les sondeurs, c’est la présence simultanée des trois candidats d’ampleur, Mélenchon, Jadot, et Hidalgo. Et dans cette perspective, comme je l’indiquais, tous les sondeurs donnent Mélenchon devant ses concurrents, sauf Ipsos.
       Ensuite vient la question de l’union PS-EELV. Mélenchon étant si virulent dans son rejet de l’union, il est quasiment toujours testé par les sondeurs, et ceux-ci explorent de temps en temps l’hypothèse d’une candidature unique d’EELV et du PS. Comment cela pourrait-il se produire ? En 2017, Jadot, candidat d’EELV déjà, s’était retiré en faveur d’Hamon, candidat du PS. A ce moment-là, Hamon était sondé autour de 13 – 14 %, et Jadot à 1 – 2 %, donc se ranger derrière Hamon ou Mélenchon n’était pas illogique.
       Mais aujourd’hui, Jadot et Hidalgo, sont à égalité, autour de 5 – 7 % chacun, et 8 à 10 % chez Ipsos. Aucun des deux n’a l’avantage clair sur l’autre. Ce qui me fait penser que l’idée d’une union partielle de la gauche tardivement parait moins probable en l’état actuel des choses, et plus probable à mesure que la campagne se déroulera et que l’un prendra l’avantage sur l’autre. Il faut donc plutôt se pencher sur les différents scénarios possibles d’ici à la fin de l’année (autour et juste après la désignation des candidats d’EELV et du PS).
       A mon avis, si les scores entre Jadot et Hidalgo ne changent pas s’ils sont tous deux candidats, la décision d’Hidalgo de se présenter ou non dépendra directement du résultat de la primaire écolo. Si Jadot la remporte, Hidalgo n’ira pas, et le PS se rangera derrière Jadot, après avoir monnayé chèrement son soutien (dans ce cas, attendez-vous à des semaines, voire des mois, de psychodrames supplémentaires (oui, ça va chouiner dans les journaux et à la télé)).
       Tout ça en sachant que, lorsque la primaire couronnera son vainqueur, il ou elle devrait connaître une embellie dans les sondages, c’est le rebond post-primaire (bien plus documenté aux États-Unis qu’en France, mais à ne pas ignorer). Le principal exemple de ce rebond post-primaire, c’est le score de Benoît Hamon dans les sondages après sa victoire en 2017. Il passe de 8 % à 13 – 15 % juste après le premier tour de la primaire, puis jusqu’à 18 % après sa victoire au second tour. Et il retombe à 6 % lors du premier tour de la présidentielle, Mélenchon gagnant largement à gauche. On pourrait donc s’attendre à ce genre de mouvement dans les sondages après la primaire écolo.
       Par ailleurs, faisons un interlude concernant le score des candidats quand ils sont testés avant les primaires. Certains candidats (les petits) vivent, au moins partiellement, dans l’idée que le score du candidat le mieux placé ne lui appartient pas, mais appartient au parti. Ainsi, quand bien même Piolle est testé à 2 %, le fait que ce soit Jadot qui soit testé à 6 % n’a pas d’importance. Ces 6 % « n’appartiendrait » pas à Jadot, mais à EELV, et qu’il les gagnera dès sa victoire à la primaire. Est-ce que ce sentiment est valide ?
       Pas vraiment. Si on regarde le passé (dont on ne peut pas tirer des conclusions définitives, la France n’ayant pas une grande histoire de primaires), le cas Éva Joly/Nicolas Hulot penche plutôt pour le non (Hulot était sondé autour de 11 %, Joly a profité d’une embellie sondagière pendant quelques mois entre 5 et 10 % avant de s’enfoncer). En revanche, le cas Juppé/Fillon est plutôt compliqué. Juppé était sondé entre 30 et 40 % là  où Fillon faisait péniblement 20 %. Après sa victoire Fillon atteignait les 30 % sans souci, jusqu’aux premières polémiques. Était-ce juste un rebond post-primaire ou les électeurs de Juppé qui se regroupaient sur Fillon ? Probablement un peu des deux.
       Il existe aussi la possibilité (agitée récemment par Daniel Cohn-Bendit, et que Jadot a probablement dans un coin de sa tête) que Jadot parte sans passer par la primaire. On pourrait donc se retrouver à court terme avec 4 candidats « d’ampleur », et 7 candidats de gauche (quasiment autant qu’en 2002, c’est dire). Inutile de dire qu’il y a de grandes chances que des unions soient signées avant le soir du premier tour****.
       En fin de compte, quelles sont les possibilités à gauche ? Outre les candidats de LO, du NPA et du PCF, on a quatre grands chemins.

       D’abord, s’il y a quatre candidats (Mélenchon, Jadot, Hidalgo, un EELV). L’hypothèse n’est pas testée et il apparaît peu probable que ce soit cette situation qui se produise. Une union entre certains de ces candidats est plus probable.
       La présence de 3 candidats d’ampleur (Mélenchon, Jadot, Hidalgo) est la plus testée par les sondages, et consacre Mélenchon comme le candidat majeur de la gauche. Cette configuration me paraît assez peu probable, les camps du PS et d’EELV ayant de bonnes chances de s’unir avant le premier tour.
       Un duel à gauche me parait la solution la plus probable (entre Mélenchon et Jadot, ou entre Mélenchon et Hidalgo), et dans un tel duel, la qualité d’orateur de Mélenchon et sa force durant les campagnes électorales me paraissent suffisantes pour qu’il l’emporte (c’est-à-dire « soit premier de la gauche »). On ne peut cependant pas ignorer la possibilité d’une victoire d’Hidalgo ou de Jadot à gauche, voire d’un duel stérile entre deux candidats tournant autour de 10 – 12 %. A l’heure actuelle, les sondages testant cette hypothèse montrent la prédominance de Mélenchon (13.5 – 9 contre Jadot, et 12 – 10 contre Hidalgo, dans la marge d’erreur dans les deux cas, donc l’avantage du candidat de LFI n’est pas écrasant), mais son score ne lui permet pas de rêver à un second tour. Pour cela, atteindre au moins 15 – 17 % est un minimum (et il faudra des dingueries à droite pour que ça suffise).
       Enfin, quid d’une union à gauche ? Inutile de dire à quel point cela parait improbable en l’état actuel des choses (Mélenchon répétant à l’envi que c’est hors de question), mais voyons les sondages qui ont été fait sur cette hypothèse. Le dernier sondage à avoir testé cette hypothèse remonte à fin 2020, et montre un candidat unique de la gauche entre 13 (Hidalgo et Jadot) et 15 % (Mélenchon). Peu encourageant donc. En fait, il semblerait que les deux gauches soient une réalité, et qu’une partie de l’électorat de gauche ne veuille pas voter Mélenchon, et préfèrera voter Macron si c’est le choix qu’ils ont à faire, et d’autres préfèreront donner leurs votes au NPA ou à LO plutôt qu’à Jadot ou Hidalgo.
       Dans tous ces scénarios, Mélenchon apparaît régulièrement comme le candidat le mieux placé de la gauche, mais cela ne devrait pas lui permettre de réitérer son excellent score de 2017. La présence de la gauche au second tour apparaît très improbable, et liée à des circonstances exceptionnelles. Voyons donc maintenant quels scénarios fous il pourrait y avoir.

*https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/06/05/yannick-jadot-le-vert-qui-se-pense-mur_6041818_4500055.html
**https://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/presidentielle-2022-ces-communistes-qui-ont-choisi-jean-luc-melenchon-24-12-2020-8415888.php
***https://www.leparisien.fr/politique/union-de-la-gauche-jean-luc-melenchon-sen-prend-aux-verts-et-au-ps-des-hypocrites-menteurs-et-faux-jetons-09-05-2021-N237YDC5EZD4RCCCEELE6VXQDY.php
****https://www.huffingtonpost.fr/entry/pour-daniel-cohn-bendit-la-primaire-eelv-na-aucun-sens_fr_60a918bee4b019ef10daa3c6

Les différents scénarios possibles

       Par ordre de probabilité (subjective donc dès que l’on aura passé celui qui est de loin le plus probable).
       Commençons par le duel Macron – Le Pen. Celui-ci nous est annoncé par les sondages depuis 2017, et on voit mal ce qui pourrait venir le troubler (mais nous allons faire un effort d’imagination dans quelques lignes). C’est de loin le plus probable. Si l’élection devait avoir lieu demain, ce duel aurait plus de 98 % de chances de se produire.
       En cas d’une candidature Bertrand forte, et qui rogne sur l’un des autres candidats de droite (plus probablement Macron), on pourrait avoir un second tour Bertrand – Le Pen (que Bertrand remporterait sans souci) ou Bertrand – Macron (plus improbable sans évènement à l’extrême droite, car les électorats de Bertrand et Le Pen ne sont pas les mêmes, alors que ceux de Bertrand et Macron, oui).
       Si Édouard Philippe se présente à la place de Macron, c’est une victoire facile pour lui. S’il se présente en plus des précédents candidats de droite, cela pourrait déboucher sur les scénarios les plus fous. En effet, trois candidats de droite qui se neutralisent et font chacun entre 10 et 15 % pourraient permettre à un candidat de gauche battant les autres et atteignant les 15 – 17 % de se hisser au second tour pour y affronter Marine Le Pen. Si Bertrand perd aux régionales et que Philippe se présente et récupère le soutien de LR, c’est ce duel des libéraux qui sera central pour l’accession au second tour.
       Et si Zemmour était candidat me dites-vous ? Décidément vous y tenez à celui-là ! Étant clair qu’il n’écraserait pas Le Pen, et qu’elle ne se retirerait pas, de deux choses l’une. Soit sa candidature ne décolle pas (il termine à 2 %), et ça ne change rien, soit il devient un candidat d’ampleur et passe les 10 %. Alors partageant ses 25 – 30 % entre deux candidats, l’extrême droite pourrait être absente d’un second tour qui lui était pourtant acquis. Et le second tour pourrait être un Macron – Mélenchon, Macron – Jadot, ou Macron – Hidalgo si ces trois candidats de gauche réussisse à s’imposer sur les autres. Plus vraisemblablement, on assisterait à un second tour Macron – Bertrand.
       Et si tout cela était mélangé ? Un premier tour où, outre les petits candidats, on aurait Mélenchon, Jadot, Hidalgo, Macron, Philippe, Bertrand, Le Pen et Zemmour ? Et bien on pourrait imaginer un peu de tout. Bertrand pourrait l’emporter à droite et Hidalgo à gauche et boum : Bertrand – Hidalgo au second tour (inutile de dire que les sondages n’ont jamais testé ce scénario). Jadot pourrait affronter Philippe, Mélenchon se retrouver face à Bertrand, etc. Mais tout cela a des chances infimes de se produire (si ça se produit, vous l’aurez lu ici en premier).

Les candidats et leurs chances de victoire

       Connaissant maintenant les principaux scénarios, qui sont les candidats les mieux placés ? Je vais y répondre, en y mettant même un pourcentage de chance de victoire (purement indicatif et non contractuel) basé sur les sondages (ou mon instinct selon les cas).
       Emmanuel Macron est le candidat favori. Donné gagnant invariablement face à Marine Le Pen et même face à Bertrand quand il testé (mais manque de sondages sur cela, donc à prendre avec des pincettes). Il a beau être dans la marge d’erreur dans certains cas, cela ne change rien. Il est, bel et bien, même après ce mandat, favori. Avec environ 85 % de chances de l’emporter.
       Marine Le Pen est la seconde, et de loin là aussi. Son passage au second tour ne fait pas l’ombre d’un doute chez les sondeurs, et parait même encore plus facile que celui de Macron, c’est dire ! En revanche, elle a beaucoup de travail pour le second tour. Certes, elle pourra compter avec l’abstention inédite de la gauche, avec l’apparition d’un barrage anti-Macron, mais ses chances de parvenir au pouvoir ne sont pas si grandes que ça. Sauf si le président enchaîne les conneries d’ici là (comme par exemple remettre la réforme des retraites sur la table d’ici à l’élection… Oh, attendez une minute : https://www.challenges.fr/politique/la-republique-en-marche/retraites-macron-repousse-a-lete-la-reforme_764514). En bref, elle a autour de 12 – 13 % de chances de l’emporter (déjà vous pouvez voir où je me dirige pour les autres).
       Xavier Bertrand est le candidat le mieux placé pour jouer le coup du double barrage. Ce qui ne le transforme pas (pas encore en tout cas) en candidat refuge. Mais une belle victoire lors de l’élection régionale pourrait le relancer dans la course à l’Élysée (son score stagne autour de 15 % dans les sondages du mois de mai). Sa meilleure chance est d’apparaître comme un candidat de droite qui n’est pas sali du bilan du mandat précédent sans être un Le Pen. Quoi qu’il en soit, il lui faudra batailler dur. Je pense qu’il a autour de 2 – 3 % de chances de l’emporter (il reste plus beaucoup de pourcent restants là, non ?).
       Édouard Philippe. Pour lui, il y a trois scénarios possibles. S’il remplace Macron, il a bien 98 %  de chances de l’emporter. Il a le même programme, mais il est populaire, et n’a, dans l’imaginaire collectif, plus les mains trempées dans le bilan de Macron. Si Bertrand perd les régionales et que Philippe vient à la rescousse de son ancien parti et devient le candidat LR ? C’est plus compliqué, je lui donnerais environ 45 % de chances de l’emporter. S’il se rajoute en plus des deux autres, c’est encore plus difficile à prévoir. Il est certain que, dans un tel cas de figure, il aura des informations que nous n’avons pas à l’heure actuelle. Disons donc autour de 30 % de chances. En attendant, tant qu’il ne s’est pas déclaré, il reste très hypothétique.
       Jean-Luc Mélenchon, le mieux placé des candidats de gauche, a besoin d’un scénario de fou à droite pour accéder au second tour. Soit Philippe troisième candidat d’ampleur à droite, soit Zemmour deuxième candidat d’ampleur à l’extrême droite. Deux scénarios hautement improbables. Il a bien moins d’un pourcent de chances de l’emporter.
       Yannick Jadot et Anne Hidalgo sont dans le même bateau que Mélenchon, à la différence qu’ils partent de plus loin. Encore moins de chances de l’emporter que le leader de LFI.
       Pour les autres, leurs chances sont tellement infimes que ça ne vaut pas le coup de les évoquer. Quoi qu’on pense de Jean Lassalle, non, il ne sera pas élu Président de la République. Et c’est pareil pour Jean-Frédéric Poisson (le successeur de Christine Boutin, moi non plus je ne le connaissais pas, et pourtant il est déjà candidat), Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau (par ailleurs en procès pour harcèlement sexuel, donc je ne pense pas qu’il parviendra à être candidat), et autres Poutou et Arthaud.

       Quatre candidats ont une chance claire de gagner. Macron, Le Pen, Bertrand et Philippe.

Voilà, ma capsule temporelle est terminée. On se retrouve en mai 2022 (et peut-être même avant, si les sondages changent un peu ou qu’il se passe quelque chose d’intéressant) pour savoir si mon analyse était la bonne ou non. A ciao bon dimanche !

 


N’oubliez pas de retrouver la première partie de ce dossier spécial consacré aux Présidentielles 2022 !

2022 : une élection déjà jouée ? Partie 1 : Sondages et analyses


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