Présidentielle 2017 :
ZOOM SUR :
LES PROGRAMMES CULTURELS
J E A N – L U C M E L E N C H O N
Commençons par énoncer un fait massif et sans ambiguïté : le programme de JL. Mélenchon en matière de culture est le plus fourni de tous. Une cinquantaine de propositions classées en 10 catégories organisés dans un livret thématique dédié. Cela dit en préambule, ajoutons que la quantité n’est pas un critère en soi, donc allons y voir de plus près.
S’il fallait qualifier ce programme d’un mot, ça serait celui de « républicain » au sens de « chose publique ». L’ambition du programme est de replacer la culture au centre de l’idéal républicain, et réciproquement, de replacer l’idéal républicain au centre de la culture. Une cohérence de fond se trouve ainsi dessinée au-travers des diverses propositions.
On y trouve des propositions fortes :
- création du « domaine public commun» qui serait une contribution prélevée sur les œuvres du domaine public afin de financer la protection sociale des artistes actuels
- gratuité des musées publics tous les dimanches
- intégration des œuvres d’art dans l’ISF
- « sortir la culture du champ des échanges marchands », et donc des potentiels CETA ou TAFTA
- suppression des niches fiscales qui incitent au mécénat privé etc.
- faire un « prix unique pour les supports de musique, de jeux vidéo et de films »
De plus, comme chez B. Hamon, le budget de la culture serait doublé (passage aux 1% du PIB) mais contrairement au programme du candidat socialiste, les objectifs et les orientations sont clairement définis : politique du livre, soutien aux Conservatoires du musique, aux petites librairies, aux disquaires au-travers d’organismes comme l’Association pour le Développement de la Librairie de Création (ADELC), restauration de la politique de prévention archéologique trop souvent sacrifiée, pérennisation du régime des intermittents du spectacle sur la base de l’accord du 28 avril 2016, titularisation dans l’audiovisuel public des précaires et des permittents… Une partie est dédiée à la publicité, avec un contrôle de l’affichage aux abords des communes, suppression de la publicité sur les bâtiments publics par exemple. Ajoutons la création d’un Centre National du Jeu Vidéo sur le modèle de ce qui se fait dans le cinéma, ou bien le fait de diriger les commandes publiques de livre vers les librairies indépendantes.
Excusez le catalogue !
A côté de ces propositions fortes, on retrouve, là comme ailleurs, des idées, certes bonnes, mais imprécises ou trop consensuelles. Par exemple :
- « extension de l’exception culturelle à la sphère du numérique» : que recouvre-t-elle, à quoi s’applique-t-elle ? On n’en saura pas plus.
- de même, « ouverture de lieux de travail pour tous les artistes» ( ?),
- « service public national» pour l’enseignement artistique secondaire à propos de quoi on aurait espéré des clarifications,
- ou encore le fait de préserver l’art contre « toute tentative de censure » (qui pourrait dire le contraire ?).
Enfin, le grand oublié du programme est le patrimoine monumental de la France. Car si le programme parle de soutenir les archives nationales ou d’élargir le « 1% culturel » existant, rien sur la restauration de nos monuments, ni sur la sauvegarde urgente de nos trésors d’architecture. Un oubli plus que dommageable.
Pour synthétiser tout cela, je dirais que l’on a ici une vraie vision de ce que doit être le rôle de la culture au sens large du terme dans un grand pays comme la France. La philosophie qui anime ce programme est que l’Etat doit agir comme un garant de la culture, à l’opposé des autres candidats. L’un des écueils pourrait être de favoriser une « culture d’état », écueil à éviter absolument. Mais malgré cela, le programme culturel de JL. Mélenchon est celui qui va le plus loin avec la plus grande cohérence.
En proposer une synthèse relève du défi !
Retrouver le livret thématique de l’Avenir en Commun dédié à la culture, disponible ici.
