QUI SONT LES PHRENOSPHERIENS ?

Une petite communauté d’amis qui aiment discuter, échanger, « se frotter la cervelle » comme dirait Montaigne, parler, être d’accord, pas d’accord, argumenter ou se laisser convaincre, défendre leurs idées et parfois être conquis par celles des autres…

Mais aussi, une communauté « engagée », non au profit d’une idéologie ni d’un corpus, mais en faveur d’une certaine conception du débat intellectuel. Un débat avant tout honnête, face au constat que pullulent aujourd’hui les pensées sectaires qui ne laissent pas de prise à l’argumentation rationnelle, mais juste à l’argument d’autorité, au « bon sens » utilisé comme arme de destruction massive du raisonnement long, patient et fastidieux car il simplifie tout et se borne aux apparences, à la croyance préétablie, à la suspicion généralisée de ceux qui sont dupes de leur désir de ne pas être dupe, au relativisme pseudo-démocratique…

Notre devise, La raison en commun, résume l’ambition qui est la nôtre. Cela signifie que la raison est d’une part ce que nous pouvons tous partager, si nous le décidons. La raison est peut-être « innée », inhérente à l’homme, programmée dans le cerveau, un don divin, ou le fruit d’une construction intellectuelle, d’une éducation, nous n’en savons rien. Ce qui est sûr c’est que si nous en sommes tous – ou presque – dotés, son usage est toujours le résultat d’une volonté, voire d’un effort. Autrement dit, il faut vouloir se servir de sa raison, il faut, pour reprendre les mots de Kant, « avoir le courage de se servir de notre propre entendement ». Nombre de nos contemporains sont sûrement richement pourvus en raison, mais pauvrement doués de volonté de s’en servir. Ils préfèrent au contraire la laisser en sourdine, la maltraiter parfois – avec sans doute une pointe de masochisme dans cette hargne à humilier la raison. D’autre part, La raison en commun signifie que c’est à partir de la raison que nous pouvons créer véritablement du « commun » et faire communauté. Il n’est point douteux que la politique ne se puisse envisager autrement qu’au travers de la discussion et de la délibération raisonnées et raisonnables. Nous ne pouvons construire de projet commun qu’à partir d’elle, précisément car elle est, conformément à ce que nous disions plus haut, ce que nous pouvons tous partager. L’idéologie, la croyance religieuse, le dogmatisme, les certitudes, les opinions boiteuses, ne rassemblent que ceux qui déjà convaincus par ces croyances, dogmes, opinions etc. Quant aux autres, il faut les passer par le fil de l’épée car ils sont, pour ainsi dire, irrécupérables et dangereux. La croyance, en particulier religieuse, est par nature intolérante et exclut tous ceux qui ne la partagent pas. A la belle fin de bâtir une communauté politique et un projet commun, la raison est indispensable.

Dans La montée de l’insignifiance, le philosophe Cornélius Castoriadis écrivait : « La philosophie, en effet, commence avec la question : que dois-je penser ? […] Mais dire : que dois-je penser, c’est ipso facto mettre en cause et en question les représentations instituées et héritées de la collectivité, de la tribu, et ouvrir la voie à une interrogation interminable. » La philosophie, car elle bouscule l’ordre établit, les présupposés les plus ancrés qu’ils en deviennent presque naturels, est une activité politique. Or, il est toujours étrange de constater que le plus souvent, face à telle proposition philosophique qui nous semble pertinente, et peut-être vraie, nous sommes incapables d’en tirer les conclusions politiques qui en découlent. Elle serait une discipline à part, coupée du monde. On pourrait accepter intellectuellement une proposition mais la récuser dès lors qu’elle serait susceptible de modifier notre horizon politique – alors que c’est là que la philosophie est la plus intéressante. Nous essayons au contraire de prendre au sérieux la philosophie.

Un petit mot en passant, pour dire que nous ne prétendons pas à la neutralité bien sûr. Au contraire, nous voulons afficher clairement nos opinions. Pas besoin dès lors d’imaginer un double discours caché, un soutien implicite à je-ne-sais quelle idéologie… Tout est là, tout est dit, avec franchise. Si nous avons parfois l’air imprécis, indécis, hésitants, confus, versatiles ou que sais-je, n’y voyez pas malice ! C’est que nos réflexions évoluent car elles sont en construction, ou que nous sommes maladroits pour les exprimer.

Les phrénosphériens font le pari de la raison, de la réflexion qui se construit à plusieurs et lentement. C’est pourquoi ils ne pensent pas détenir la vérité. La moindre des politesses est d’être ouvert aux contre-arguments. C’est aussi le signe d’une pensée libre.

Phrénosphériens de tous pays, unissez-vous !

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