[Bibliosphère] Ce que le marché fait au monde – Geoffrey Mercier


Ce que le marché fait au monde

Proposition d’une Garantie Inconditionnelle de Subsistance

Geoffrey Mercier

Editions l’Harmattan, octobre 2020


Un livre un peu spécial, puisqu’il s’agit du fruit de mon propre travail. C’est donc un article tout particulier que je vous propose. Présenter son propre travail de manière « objective » n’est pas facile, je vais néanmoins essayer de m’y atteler. Bonne lecture !

L’ouvrage est disponible sur le site des éditions L’Harmattan ou en commande chez tous les libraires.

 

Ce que le marché fait au monde entend analyser les soubassements de notre modernité ravageuse, les ressorts profonds d’un système économique, politique et institutionnel, un « fait total social » pour paraphraser Marcel Mauss, qui ronge notre monde et le menace comme jamais : l’hégémonie libérale. Ainsi, comprendre l’état du monde et des périls qui le guettent passe nécessairement par une analyse fine du libéralisme et de ses avatars. Le livre jette quelques repères historiques et philosophiques pour appréhender le libéralisme classique puis le distinguer de ses avatars néo et ultra. On s’aperçoit alors que, contrairement à la vulgate, la valeur première du libéralisme n’est pas la liberté, mais le marché. Ou plutôt, est c’est le cœur du livre, la « liberté de marché » comme je l’appelle. Et c’est ce déplacement qui permet de comprendre les effets paradoxaux de libéralisme. La notion de paradoxe tient d’ailleurs une place prépondérante dans l’essai, nous y reviendrons. Mais « si le monde se défait, c’est qu’avant sa désagrégation généralisée, il existait quelque chose comme des structures préétablies »(p.6). Cet essai va donc partir à l’assaut du monde, un monde pré-libéral ou plutôt « para-libéral »(p.6) dans lequel le don/contre-don découvert par Marcel Mauss joue un rôle déterminant. Mais l’analyse ne suffit pas. La grande originalité de ce livre réside dans la proposition concrète qu’il entend mettre sur la place publique, une Garantie Inconditionnelle du Subsistance, formulée en partant de l’analyse critique et sur les bases du don maussien afin de décorréler la subsistance et l’argent.

Articuler la théorie…

L’ambition théorique est résumée dans le titre : Ce que le marché fait au monde. L’idée est de décrire d’abord le marché, puis le monde, enfin d’analyser l’effet du premier sur le second.

1- « Le libéralisme et ses avatars » (p.47)

La première étape est descriptive. Il s’agit de comprendre ce qu’est le marché libéral, en le saisissant dans sa globalité anthropologique et philosophique sans se contenter du point de vue économique, qui n’en est qu’un aspect. C’est que le libéralisme est, « dès son origine, une nouvelle façon de faire de la politique et de considérer le champ social dans son ensemble »(p.24), qui déploie « une certaine vision de la liberté comme fin en même temps que comme moyen »(p.25). Nous nous retrouvons donc en face d’un problème politique, social, économique et métaphysique. Tout cela, ensemble, forme le libéralisme et trouve un point d’union dans le marché qui est le centre névralgique de la pensée et de la pratique libérales. En suivant les pas de Jean-Claude Michéa et de Michel Foucault, on voit se déplier lentement à travers des siècles la société libérale. Les Guerres de Religion et leurs massacres terribles furent un détonateur au XVIème siècle en France. Il fallait trouver de nouvelles bases à la société, car les anciennes (religieuses notamment) avaient fait la preuve de leur faillite. « Le Marché s’imposera comme moyen d’administration harmonieuse des sociétés humaines »(p.26). Le mot d’ordre sera désormais : neutralité. Neutralité des croyances et religions, certes, mais aussi des valeurs, des visions du monde… Or, la neutralisation, c’est l’une des grandes idées de cet essai, est « rien moins que neutre »(p.114). C’est d’ailleurs dans ce mouvement de neutralisation, incarnée par le marché, que se joue toute la duplicité du libéralisme. Mais n’allons pas trop vite. Le marché sera peu à peu chargé d’être un moyen neutre d’organiser les rapports sociaux, dont le modèle sera alors celui de l’échange marchand. Impersonnel, médiatisé par un vecteur qui rend l’intersubjectivité superflue (l’argent), réduit au calcul des intérêts, permettant à chacun de trouver son compte, le marché est vu comme un facteur d’harmonie, de paix sociale, d’enrichissement personnel et collectif… Ce que le marché fait au monde revient sur le déploiement du paradigme du marché qui est au fil des ans devenu notre nouvelle divinité.

Mais voilà, après les Guerres de Religion, de nouvelles crises allaient secouer le monde, menaçant profondément le libéralisme classique. Il était obligé de muter, ou de s’effondrer. Face à ce dilemme, de nombreux intellectuels mirent sur pied dans les années 30 le renouveau du libéralisme : le néolibéralisme. Après la Grande Dépression de la fin du XIXème siècle, après la Première Guerre Mondiale qui mit le monde en péril, « la terrible crise économique des années 30 porta le coup de grâce »(p.52). En outre, tous les domaines de l’existence connaissaient des bouleversements incommensurables : l’art, la science, l’économie, la politique, les modes de vie… C’est alors « à la croisée de tous ces chambardements […] ; à l’orée d’un monde nouveau que [des intellectuels] élaborèrent les prémices de ce qui allait devenir le néolibéralisme »(p.54). Ce que le marché fait au monde entre dans les détails de la pensée néolibérale et de la rupture qu’elle constitue. Car il ne s’agit pas de répéter ni de reformuler les vieilles idées du libéralisme classique. Au contraire, le néolibéralisme prend acte des échecs du libéralisme pour les dépasser dans une doctrine nouvelle. A partir de Barbara Stiegler, de Foucault, de Dardot et Laval, on voit que le « laissez-faire », credo du libéralisme classique qui déteste l’Etat, cède sa place. Désormais, il s’agit, pour les gouvernants, d’élaborer un « libéralisme d’Etat »(p.50) qui se sert de l’Etat, le soumet, pour qu’il produise des normes en permanence afin d’adapter les pays aux exigences du marché. L’Etat néolibéral est donc interventionniste voir intrusif, son objectif étant de créer partout des marchés et de les maintenir. Le libéralisme connaît donc un basculement. Ce qui distingue, au fond le libéralisme classique de son avatar néo est la question de la nature. « Le libéralisme héritier du jusnaturalisme se fondait sur une origine ; le néolibéralisme sur un projet : le marché. »(p.60)

2-La liberté libérale

Une question d’importance reste en suspens : qu’en est-il de la liberté, dont on rabâche qu’elle est la valeur fondamentale du libéralisme ? Ce que le marché fait au monde décortique cette question décisive pour montrer que « la liberté du libéralisme n’est point « la » liberté, mais une « certaine » liberté, que je nomme « liberté de marché » pour insister sur son caractère secondaire »(p.71). En analysant la liberté telle qu’elle est pensée par les grands théoriciens du libéralisme, c’est-à-dire comme inhérente aux individus, intrinsèque, innée mais menacée par toutes les interventions extérieures et les contraintes, permettant un libre-arbitre et se déployant dans toute sa splendeur à travers la défense des « intérêts bien compris » des individus, on s’aperçoit que la liberté libérale coïncide en fait avec… le marché lui-même. On en arrive alors à cet axiome libéral simpliste : « toute action qui s’insère sur le marché concurrentiel est libre, au contraire, toute action déconnectée du marché est contrainte »(p.74). Il s’agit alors de poser les jalons d’une autre pensée de la liberté, débarrassée du libre-arbitre, de la notion de « choix », épurée de son caractère innée et intrinsèque. La liberté surgit en réalité au moment où l’individu comprend que l’aliénation le constitue au plus profond, que les contraintes sont son être même. Et au-delà de la métaphysique, une telle conception de la liberté a des implications politiques considérables. C’est une tout autre façon de voir l’articulation de l’individu et de la société.

3-Le pharmakon

On voit déjà se profiler le thème majeur de l’essai, celui du « tragique ». Le monde libéral, héritier en cela du christianisme, pense le monde en termes d’oppositions binaires dont l’un des termes exclue nécessairement l’autre : liberté versus contrainte, Bien versus Mal, individu versus société, aliénation versus autonomie, Progrès versus régression, marché versus dirigisme… Or, tout l’essai tourne en réalité autour de l’idée selon laquelle c’est ce dualisme fondamental qui rend le libéralisme mortifère. Car la réalité n’est point opposition mais composition. Ce thème du dualisme et de son refoulement, est celui du pharmakon, repris au philosophe Bernard Stiegler. Poison et remède en même temps, ambivalence irréductible, la mort qui apporte la vie, la vie qui sème la mort… Le pharmakon permet de penser la réalité humaine qui est essentiellement une réalité technique et technicienne. Ce concept permet à Stiegler de penser la technique en montrant que tout artefact est curatif mais en même temps possiblement toxique. Or, Ce que le marché fait au monde développe cette idée pour montrer que le pharmakon est le « grand refoulé de la pensée libérale »(p.198), et que ce refoulement s’incarne en particulier dans ce que l’on nomme, après les Lumières, le Progrès. Le Progrès, dont Macron s’est fait le chantre, est présenté comme le mouvement de l’Histoire qui nous entraîne vers le Meilleur, pour peu que l’on laisse se développer les logiques du marché. Voilà le fond de l’affaire : « le Progrès nomme en fait l’extension indéfinie du marché »(p.112).

4-Le monde hors du marché : le don

Après cette étape d’analyse du libéralisme et de son cœur nucléaire, le marché, il faut s’intéresser au « monde » auquel il s’attaque. Ici, l’essai mobilise l’anthropologie, l’Histoire et la sociologie. Il s’agit de montrer que le capitalisme, l’échange marchand, le marché, ne sont point inscrits de toute éternité dans le déploiement de l’humanité. On prétend souvent que les rapports capitalistes auraient été, peu ou prou, présents dans les comportements humains depuis toujours, et partout. Au fond, entre l’échange de coquillage et le trading haute fréquence, ce ne serait qu’une différence de degré, non de nature. Cela est tout à fait faux, comme s’attache à le montrer l’essai. Les travaux de l’anthropologue Marcel Mauss, au début du XXème siècle, indiquent que les sociétés archaïques obéissent à une dynamique interne structurée par ce qu’il nomme le « don ». C’est-à-dire « la valse du « donner, recevoir et rendre » »(p.6) : les échanges de dons, l’obligation de les accepter et de faire en retour un contre-don si possible plus important encore. Ce mouvement anime les individus, donnant vie à la société entière. Enoncé de manière sommaire, on pourrait penser que le « don » serait une sorte de lubie pour savant reclus dans sa bibliothèque. Pourtant, ce paradigme est d’une richesse incommensurable. De nombreux sociologues et anthropologues poursuivent l’œuvre de Mauss et montrent que non seulement ce dernier avait découvert un principe fondamental des sociétés humaines, mais encore que ce principe du don structurait toujours en profondeur l’Occident libéral moderne. En entrant dans la valse du don, les hommes tissent des liens d’interdépendance réciproque : c’est l’émergence de la société. Le don maussien n’est cependant pas « un acte de charité, il n’est jamais gratuit, mais c’est l’occasion pour le donateur de manifester sa puissance »(p.94). On retrouve en lui l’ambivalence du pharmakon : donner c’est aussi asservir.

7-Le marché et les zombies

Le libéralisme et le marché d’un côté, le monde du don de l’autre. La troisième étape de l’analyse est de voir comment le marché libéral sape les fondements du monde, donc du don maussien. Ici, un nouveau concept est forgé : la zombification. Voilà ce que produit le marché : des zombies. En niant le tragique, la composition, au profit d’un dualisme qui, en fait, refoule la « face obscure du pharmakon »(p.193), le libéralisme produit un effet lui-même paradoxal : il réduit toute chose à l’état de marchandise, puis finalement d’argent, de nombre. Il dépouille la diversité du réel pour que n’en subsiste que son pur aspect quantitatif. Au terme de cette opération, les objets pris dans les griffes du marché ne plus qu’une seule chose : argent. C’est cette opération de réduction à l’Un qui est nommée zombification, car « le zombie, c’est le Un absolu »(p.122). Ce que le marché fait au monde s’intéresse donc à la zombification d’un certain nombre de domaines de l’existence. La production des savoirs, la science, notre rapport à la vérité, la connaissance, la langue, tout cela est en voie de destruction sous les coups du boutoir du marché qui, parce qu’il abolit tout critère (on retrouve la « neutralisation ») rend impossible toute forme de jugement par rapport à ce qu’on pourrait appeler vérité. J’analyse dans l’essai le devenir marché de la langue, mais aussi de l’école, comment les savoirs sont – sous couvert de numérisation, d’inclusion et de bienveillance – relégués au rang de marchandises.

7-Le peuple, remède au marché

Cet essai propose en outre une analyse originale de la notion de peuple, qui est l’un des antidotes à la désagrégation de la société. Il tente de repenser ce concept si décrié, si mal compris. Hors de tout nationalisme, de toute perspective identitaire, mais également de tout élan mondialiste ou multiculturaliste, il s’agit de montrer que le peuple est au plus profond de lui lié au don maussien, car « le peuple est ce que le don rend possible : une alliance »(p.178). Le peuple est le support du politique, car il émerge des rapports de don/contre-don ainsi, tenter de restaurer le politique, c’est immanquablement restaurer le peuple dans son unité. Mais le peuple n’est pas une entité abstraite, il est concret – comme l’est le don. Il est éminemment incarné. Pour montrer cette incarnation du peuple, il faut en passer par les analyses de Bernard Stiegler sur la « transindividuation » pour montrer que l’individu n’existe pas, il n’existe que des individuations, c’est-à-dire des processus qui ne sont jamais clos sur eux-mêmes, et ces processus peuvent être « psychiques » (ce sont les « individus individuels »), « collectifs » (les institutions, les groupes etc.) ou « techniques » (tout artefact). La liaison de ces trois pôles forme la transindividuation, et aucune individuation n’est possible sans les deux autres. Le sujet n’existe pas hors du collectif, et aucun n’existe sans les artefacts qui les relient et les ancrent concrètement dans le monde. Autrement dit, la technique permet d’enraciner l’individuation. Ce que le marché fait au monde développe des analyses originales sur les rapports de la transindividuation au don maussien en montrant que « tout processus de transindividuation est concrètement structuré par les logiques du don »(p.173), phrase qui ouvre tout un champ de réflexion inexploré. Ainsi, après le détour par le don, on voit se dessiner un triangle : peuple, don et transindividuation.  Le peuple est incarné et a une singularité : la common decency, sur laquelle l’essai revient longuement. Tous ces processus existent hors des logiques du marché, ce sont des points d’appui possible. Malheureusement, elles sont en passe d’être pulvérisées par l’extension infinie du marché.

… et la pratique

La seconde partie est la grande ambition de ce livre, un projet concret pour combattre les logiques de zombification, s’attaquer à la misère, desserrer l’étau du marché et refaire peuple. En partant de toutes les analyses théoriques menées en première partie, et en s’appuyant sur le don/contre-don et la décence commune, Ce que le marché fait au monde fait une proposition concrète à mettre dans le débat public : une Garantie Inconditionnelle de Subsistance.

Les revenus de bases, divers et variés, ont un point commun : l’argent. L’argent est vu comme la condition de la vie. Mais l’argent, n’est-ce pas aussi le résultat de la zombification ? Il faut essayer de repenser la subsistance hors de l’argent. Comment ? En replaçant la chose publique (ré-publique) au centre de la cité : les services publics. « S’il fallait définir d’un trait la Garantie Inconditionnelle de Subsistance, disons qu’il s’agit d’une extension sans précédent du champ des services publics. »(p.235) Le projet repose sur trois piliers principaux : subsistance alimentaire, subsistance culturelle et subsistance sociale. Car ce sont les trois piliers de la vie humaine.

Pour l’alimentation, le projet consiste en l’instauration sur tout le territoire de « Points Alimentaires Publics » pour proposer un véritable « Service Alimentaire Public ». Des épiceries solidaires présentes sur tout le territoire national, dans lesquelles tout citoyen pourrait s’approvisionner gratuitement en aliments de base (dans les limites d’un certain montant hebdomadaire), avec des produits locaux et biologiques achetés par des coopératives publiques gérées par les collectivités territoriales. Cela permettrait de faire d’une pierre plusieurs coups : lutte contre la misère, politique d’aménagement du territoire la plus ambitieuse depuis des décennies, politique de soutien aux agriculteurs d’une portée fantastique, politique écologique concrète et massive.

Pour la culture, l’idée est de créer une « carte culture » dont chaque citoyen disposerait à partir de la scolarisation, qui lui donnerait le droit de bénéficier tous les deux mois d’un livre, d’une place de cinéma et d’un jeu-vidéo ou autre contenu vidéo. Là encore, des partenariats seraient passés avec les enseignes culturelles pour favoriser les enseignes de proximités et indépendantes. Toujours la même ambition de promouvoir la diversité culturelle, de faire vivre la culture pour tous et de la désenclaver. Et d’aider un secteur en grande difficulté tout en s’attaquant concrètement aux géants de la diffusion culturelle (Amazon et consorts).

Enfin, le troisième pilier active le contre-don maussien et repose sur l’idée de la participation de tous les citoyens à la vie de la cité, dynamique majeure en démocratie. Il s’agirait d’un service citoyen de 5 jours par an à partir de la majorité, mis au service de la collectivité : aide à la mairie, dans des associations etc. Pour ce faire, créer un système modulable, souple, qui ne prenne pas non plus les travailleurs en otage. Mais on ne s’en sortira vraiment qu’en recréant le sentiment d’une communauté nationale dans laquelle chacun puisse trouver sa place non comme « assisté » mais comme acteur.

Bien sûr le projet est bien plus développé dans Ce que le marché fait au monde, les financements sont notamment discutés, de même que les modalités pratiques. Cependant, on voit déjà la portée considérable d’un tel projet, qui, en outre, et contrairement aux revenus de bases existants, ne repose par sur l’argent mais entend précisément être aussi un instrument d’émancipation. La GIS est véritablement « au service de la France périphérique »(p.240), ces classes populaires oubliées, méprisées, invisibilisées. Mais ce serait en fait tous les Français qui en bénéficieraient potentiellement. En tous cas, voilà une idée qui mérite d’être mise dans le débat public et d’être discutée.

Conclusion

Ce que le marché fait au monde est un essai qui développe un thème certes éculé – le libéralisme – mais en ouvrant des perspectives originales, notamment à travers l’idée du pharmakon, du don et du concept de zombification. Il donne des outils d’analyse de notre monde. On notera le souci pédagogique des premiers chapitres qui tentent de présenter de façon honnête le libéralisme et ses avatars, pour que chaque lecteur ait une idée un peu plus précise de ces pensées dont tout le monde parle sans les connaître. Un essai foisonnant (parfois trop), dense (parfois trop également…), qui est « une sorte de bréviaire d’un pensée alternative possible »(p.8). En outre, en mobilisant le concept de pharmakon, ce livre permet de penser que le marché est poison autant que remède – ce qui permet de sortir de l’opposition systématique. Le libéralisme a du bon en lui, tout l’enjeu est de créer les conditions dans lesquelles ce « bon » trouvera à produire ses effets. Cela implique de « ré-encastrer », selon le mot de Polanyi, le marché dans les structures du don/contre-don. Enfin, le grand apport de ce livre est de proposer une esquisse de projet qui permette ce « ré-encastrement ». Mais entendons-nous bien, ré-encastrer le marché dans les structures du don ne passe pas par des politiques réformistes d’accommodation avec le capital. Il faut lutter âprement avec lui et envisager de renverser le système sans quoi rien ne serait possible. Autrement dit, la négociation n’est plus à l’ordre du jour.


Vous pouvez vous procurer le livre en le commandant chez votre libraire préféré, ou directement sur le site des éditions L’Harmattan en suivant ce lien : Ce que le marché fait au monde.

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